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En 1936, le compositeur russe Sergueï Prokofiev a écrit "Pierre et le Loup", opus 67, un "conte de fées symphonique pour enfants". "Pierre et le Loup" est sans doute l'une des œuvres les plus appréciées et les plus influentes de Prokofiev, qui a attiré des générations de jeunes enfants vers les contes symphoniques et la musique classique. Les spectateurs et leurs enfants sont initiés à une variété d'instruments de l'orchestre, qui sont représentés par les personnages et les animaux dans la narration orale jointe à la musique.
Natalya Sats, alors directrice du Théâtre musical pour enfants de Moscou, avait commandé ce morceau pour initier les enfants à certains instruments de l'orchestre et de la musique classique. Prokofiev avait rencontré Sats en emmenant ses fils à son théâtre en 1936. Prokofiev a écrit une ébauche pour le piano en quelques jours, terminant l'orchestration neuf jours plus tard, le 24 avril.
L'opus 67 du compositeur fut présenté au Palais des Pionniers à Moscou, avec Sats comme narratrice, et fut acclamé. Prokofiev dira plus tard : "Dans la Russie d'aujourd'hui, on accorde une grande importance à l'éducation musicale des enfants. L'une de mes pièces orchestrales (Pierre et le Loup) était une expérience. Les enfants ont une impression de plusieurs instruments de l'orchestre rien qu'en entendant le morceau interprété."
Prokofiev a écrit lui-même l'histoire, qui est racontée par un locuteur. Tout d'abord, le narrateur présente les personnages avec leurs motifs musicaux. Au cours de l'histoire, le narrateur explique ce qui se passe. Si vous savez quel instrument appartient à quel animal, la musique parle d'elle-même.
D'une durée d'un peu moins d'une demi-heure, ce conte de fées musical est un exemple très réussi de réalisme socialiste, l'esthétique soviétique nouvellement promue. Il met en scène un "groupe de héros", et non un individu. Pierre et l'oiseau ont besoin l'un de l'autre pour vaincre le loup. L'humanité et la nature vivent en harmonie, ce qui est souligné musicalement.
C'est profondément humaniste : l'adversaire, le loup, n'est pas tué mais mis hors d'état de nuire et mis à disposition à des fins pédagogiques. Il y a une fin optimiste dans la mesure où le méchant loup est vaincu et où le canard semble avoir survécu dans l'estomac du loup. Et tout cela est exprimé dans la musique : l'idée du groupe de héros pendant la capture du loup et dans l'ensemble de tous les thèmes lors de la procession vers le zoo. Et la survie (ou peut-être le souvenir) du canard résonne dans un thème de canard en sourdine à la fin - depuis le ventre du loup, en quelque sorte. C'est une fin heureuse, qui célèbre l'amitié, le courage et la coopération pour vaincre le danger et le mal.
L'éducation musicale, tant au niveau amateur que professionnel, a été l'une des caractéristiques les plus fortes du système soviétique pendant 70 ans. Une grande partie de l'enthousiasme pour la compréhension et la réussite musicales peut probablement être attribuée à "Pierre et le Loup". Elle reste à ce jour la composition la plus connue de Sergueï Prokofiev.
